J’ai eu trois clientes cette semaine qui m’ont dit des choses similaires sur la parole et cela m’a donné envie d’investiguer la chose.
– L’une a de très fortes convictions, idées mais n’ose pas intervenir en réunion de peur de mal dire ou dire une bêtise. Elle se dit transparente en entreprise et quel dommage parce qu’elle a énormément d’idées.
– La 2ème a du mal à défendre ses idées car elle les construit en entendant celles des autres, elles viennent confronter les siennes et lui permettent d’aller encore plus en profondeur mais du coup la réponse n’est pas immédiate.
– La 3ème a l’impression de n’être jamais comprise, de ne pas être claire avec ce qu’elle dit et du coup de ne pas être entendue.
Les 3 admirent les personnes cultivées, qui savent argumenter et structurer un discours, qui s’expriment bien, posément, allant de A à B sans passer par toutes les autres lettres l’alphabet.
Mes clientes ont des idées en permanence et de façon pop corn, elles émergent dans tous les sens et elles peuvent les amener ailleurs. Leurs cerveaux vont tellement vites qu’elles peuvent perdre leur interlocuteur, il peut ne pas comprendre la cohérence de la discussion ou trouver que la personne passe du coq à l’âne.
Elles ont aussi très peur d’être « méchante » et de blesser sous le coup de l’émotion, peur de ce qu’elles pourraient dire sans réfléchir.
Et lorsque cela arrive cela vient toucher leur estime et leur confiance, elles se remettent en question, comme une faiblesse de ne pas savoir s’exprimer.
Les 3 sont hypersensibles et/ou haut-potentiel. Les mots sont très importants pour chacune. Très souvent les personnes atypiques vont arriver à une solution, à un résultat qui parait complètement intuitif et évident mais sont incapables d’expliquer le raisonnement. Elles peuvent passer des heures à faire un choix, à confronter toutes les possibilités, tout remettre en question et même quand elles prennent une décision, se demander si c’était vraiment la bonne.
Cela m’a renvoyé à ma propre expérience. Souvent en entreprise j’avais une idée ou je ressentais les failles d’un projet et pourtant je n’arrivais pas à expliquer pourquoi, à argumenter et défendre mon idée en structurant mon discours. Je paraissais confuse, pas sûre de moi et surtout pas convaincante du tout.
J’ai des souvenirs enfant où je me disais déjà que les paroles devaient être justes, qu’il valait mieux se taire que parler pour ne rien dire, ou aborder des sujets sans profondeur.
Aujourd’hui encore, j’ai tendance à préférer réfléchir seule à un projet avant de mettre en commun, sinon je suis incapable d’exprimer ce que je ressens et je perds toute ma créativité. Je dois suivre mon intuition et ensuite confronter mon idée.
Et pourtant aujourd’hui, j’ai de beaux retours sur mes articles ou mes prises de parole. Alors qu’est-ce qui a changé ?
- Je me suis détachée du jugement des autres, et je peux tourner avec humour le fait de passer du coq à l’âne. Ce qui peut encore me toucher c’est de me comparer à une personne dont j’admire le style, l’aisance et la culture. La comparaison n’amène que des pensées négatives et peut entacher l’estime et amener des scénarios catastrophes dirigés par la peur, donc je reconnais la qualité et l’aisance de l’autre et je me recentre sur des pensées positives qui vont me ramener vers le haut.
- Pour mes projets, je commence à réfléchir seule pour mettre toutes mes idées par écrit souvent sous forme de mindmapping et ensuite je crée de la cohérence et je structure mon discours. C’est certainement pour cela que je suis plus à l’aise pour écrire des articles que pour les vidéos.
- Si je ressens un malaise durant une conversation, je peux ne rien dire sur le moment, mais si cela ne passe pas, je reviens dessus, en disant que sur le moment c’était un ressenti et je n’arrivais pas à mettre des mots dessus mais que j’ai besoin de revenir sur tel point qui n’est pas OK.
- Lorsque on me fait une proposition, je prends souvent le temps de noter l’impulsion que j’ai ressentie au moment mais je garde ma réponse pour plus tard.
- Et enfin, tout conduit à la même conclusion, travailler sur sa valeur pour oser dire ce que l’on pense. Ne pas attendre la reconnaissance des autres, c’est leur donner trop de pouvoir sur soi-même
Soyez conscients que même si votre discours n’est pas aussi structuré que les autres, votre raisonnement est beaucoup plus riche, plus profond et vous allez encore plus loin.
Et en finissant ces lignes, je ne peux éviter de me questionner : « est-ce qu’il est clair cet article ? »